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Dennis Andrew Nilsen . ( l’étrangleur à la cravate ) . ( parti 5 et fin ) .
17/09/2011 14:57
Fou ou pas ? Même les psychiatres avaient du mal à expliquer les actes de l'homme que l'on jugeait. Après douze heures de délibération, le jury allait rendre son verdict. Dans la salle d'audience, les choses se gâtèrent singulièrement avec les déclarations des psychiatres, appelés par la défense pour donner leur point de vue sur l'état mental de Nilsen. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que surgissait ainsi, en plein tribunal, l'antagonisme opposant magistrats et médecins psychologues au sujet de la santé psychique des accusés.
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L' IRRESPONSABILITE JURIDIQUE :
Ivan Lawrence, au nom de la défense, rappela au jury qu'il ne devait pas se laisser aller à un sentiment d'horreur, mais examiner sérieusement la question en cause : Nilsen était-il suffisamment malade pour être considéré comme juridiquement irrésponsable. Le Dr MacKeith expliqua que Nilsen avait des difficultés à ressentir d'autres émotions que la colère, et qu'il avait tendance à attribuer à autrui certains sentiments, sans s'assurer s'ils étaient ou non réels. Il montrait de nombreux signes d'inadaptation qui, présents chez un même individu, étaient d'une grande gravité. Il ne considérait pas les autres comme des personnes, mais comme des éléments de ses fantasmes : le médecin parla de " dépersonnalisation ". Lors de son contre-interrogatoire, pour l'accusation, Allan Green fut assez violent. Il dit à MacKeith que son exposé était fort loin d'être clair ; il s'attacha à prouver que Nilsen, contrairement à ce que laissait entendre le psychiatre, était rusé, ingénieux et intelligent. Il prit comme exemple les meurtres de John the Guardsman et de Malcom Barlow. Dans ce dernier cas, Nilsen avait réfléchi vingt minutes avant de se décider à tuer ce jeune épileptique inconscient qui le gênait. MacKeith convint que, dans cet exemple particulier, la " dépersonnalisation " n'était pas évidente. " Et cependant, " poursuivit Green d'un ton péremptoire, " vous dites que la responsabilité était diminuée à ce moment là ? Allez-y docteur, répondez à ma question ! ". La tension monta d'un cran. Médecins et avocats ne parlaient pas le même langage et employaient des concepts différents. La confusion régnait et les deux parties en présence se montraient insatisfaites. Ce fut la même chose avec le témoin suivant, le Dr Gallwey, qui parla " d'état limite ". Le juge traduisit certainement les interrogations du jury en demandant au spécialiste de ne pas employer de jargon technique.
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LA PREMEDITATION :
Le médecin essaya d'expliquer que Nilsen combinait des éléments paranoïdes et schizoïdes, ce qui l'empêchait de considérer les personnes comme des individus à part entière. Il les regardait comme des objets appartenant à son monde intérieur. Gallwey ajouta qu'il était important de comprendre que Dennis n'avait pas une sensibilité normale. " Je ne vois pas comment il pourrait être coupable de préméditation s'il est entièrement dépourvu de sensibilité, puisque la sensibilité est ce qui constitue les raisons et les motivations d'une personne " . " Ce que j'ai fait ne m'a pas fait perdre le sommeil, ni ne m'a donné de cauchemars ". Dennis Nilsen Le juge Croom-Johnson lui répondit qu'il empiétait sur l'interprétation de la loi, alors qu'il aurait dû laisser ce débat à d'autres. Ce type d'argument fut constamment utilisé par le représentant de l'accusation au cours de son contre-interrogatoire, qui prit l'aspect d'un dialogue de sourds. " Il savait exactement ce qu'il faisait " martela Allan Green avec beaucoup de conviction. " Oui, si l'on ne prend pas en compte l'aspect affectif. Mais cet aspect est cependant essentiel " . " Vous ne contestez donc pas qu'il était intellectuellement conscient de ses actes " . " Non." " Il savait ce qu'il faisait ? " " On ne peut pas dire cela. Il faut distinguer entre conscience intellectuelle et affective. Puisqu'il y avait suppression de la sensibilité, il agissait comme une machine " . " Pouvait-il reconnaître la nature et la gravité de ses actes ? " demanda-t-il pour finir. " Non. Il reconnaissait leur nature, mais pas leur gravité " .
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LE TEMOIN DE L'ACCUSATION :
Ensuite, ce fut à l'accusation de produire un témoin pour réfuter les thèses de la défense. Un troisième psychiatre vint donc à la barre pour proposer un autre diagnostic. Le Dr Bowden expliqua à tout le jury qu'on ne pouvait pas parler d'anormalité, au sens juridique du terme. Il suggéra qu'en fait, Nilsen voulait simplement tuer des gens ; il ajouta qu'il ressentait une certaine sympathie pour lui, mais qu'il ne pouvait pas lui trouver d'excuses psychiatriques. Il fut le seul des trois médecins à signaler qu'il pensait que Nilsen éprouvait des remords et qu'il lui avait vu, une fois, les larmes aux yeux. Cependant, sur la responsabilité du prévenu, il fut catégorique : " mon expérience m'a montré que la grande majorité des assassins ne pouvaient considérer leurs victimes que comme des objets, sinon, ils n'auraient pas été capables de les tuer " .
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LES CONCLUSIONS DU JUGE :
Le discours clair et péremptoire du Dr Bowden fut bien reçu par le jury. Cependant, il en fit certainement trop en refusant obstinément de reconnaître, pressé par les questions de la défense, qu'il y avait quoi que ce fût d'anormal chez Nilsen. Il revenait au juge de donner une conclusion à cet imbroglio. L'accusation avait répété que l'accusé savait exactement ce qu'il faisait, alors que la défense avait affirmé qu'il en était simplement capable. Le juge Croom-Johnson parla durant quatre heures. Il tenta d'expliquer au jury les subtilités de la loi, mais ajouta aussi des réflexions de son cru pour se faire entendre : " Il y a des gens mauvais qui commettent de mauvaises actions, et le meurtre est l'une d'elle " . Il dit aussi : " On peut être mauvais sans être anormal " . Il s'aventurait ainsi, à sa manière, sur le terrain de la philosophie du Bien et du Mal, apportant sa contribution à un débat séculaire.
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MISE EN CAUSE DU DISCOURS PSYCHIATRIQUE :
Les psychiatres ne parlent jamais de " mal ", cette notion ne faisant pas partie de leur problématique. En général, les magistrats évitent d'utiliser ce terme mais, dans le cas de Dennis Nilsen, le juge estima qu'il valait mieux utiliser des mots du langage courant pour que le jury se fasse une opinion par lui-même. En ce qui concerne la personnalité de Nilsen, le juge fut tout aussi simpliste : " On ne peut pas trouver d'excuses pour Nilsen, parce qu'il présente des défauts d'ordre moral ; une mauvaise nature n'arrête ni ne retarde le développement intellectuel " .
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DES DELIBERATIONS INTERMINABLES :
Le juge laissa clairement entendre que, pour lui, Nilsen n'était pas fou et qu'il fallait que le jury se prononçât pour la culpabilité. Les délibérations du jury commencèrent le jeudi 3 novembre 1983, en fin de matinée. Malgré les explications du juge Croom-Johnson, les jurés furent incapables d'arriver à une décision et ils passèrent la nuit dans un hôtel. Le vendredi, il ne réussirent pas non plus à se mettre d'accord à l'unanimité sur la responsabilité de Nilsen pour chacun des meurtres. Aussi, le juge Croom-Johnson demanda une décision à la simple majorité. Le 4 novembre, à 16h25, après un procès d'un mois, le jury rendit un verdict de culpabilité sur les six chefs d'inculpation pour meurtre, par dix voix contre deux, et un verdict de culpabilité pour une des tentatives de meurtre, par dix voix contre deux également. Pour l'agression de Paul Nobbs, il y eut unanimité pour la culpabilité. Le juge condamna Dennis Andrew Nilsen à la prison à perpétuité, verdict qui fut assorti d'une peine de sûreté de 25 ans. En apparence serein, Nilsen, emmené par ses gardes, savait qu'il ne retrouverait sans doute jamais la liberté.
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Source : http://tueursenserie.wifeo.com/dennis-nilsen.php
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