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Guy Georges Rampillon . ( Le Tueur de L'Est Parisien, Le Tueur de La Bastille, La Bête de La Bastille ) . parti 2.
20/09/2011 15:59
Crimes et Châtiments :
Le 16 novembre 1981, il agressa Nathalie L., 18 ans, enceinte, dans le sous-sol de son immeuble du 14ème arrondissement. Il entra avec elle dans l'ascenseur et la poignarda à la poitrine, puis au cou. Ensuite, il la traîna dans un recoin du sous-sol et l'obligea à une fellation. Il la frappa une troisième fois, au ventre. Les supplications de la jeune femme n'y firent rien. Il découpa sa robe et ses sous-vêtements puis la viola. Enfin, il lui porta un dernier coup de couteau au cou et, la croyant morte, s'enfuit avec son sac. (Guy Georges a nié les faits, mais Nathalie L. l'a formellement reconnu sur les photos diffusées après son arrestation en mars 1998). Elle réussit malgré tout à se traîner jusqu'à l'ascenseur et à alerter les secours. L'enquête - menée pour un simple "vol avec violences" (!!!) - ne donna rien et, le 23 juillet 1982, l'affaire fut classée sans suite ! En février 1982, Guy Georges fut condamné à 5 mois de prison pour vol. Peu de temps après sa sortie, le 7 juin 1982, il agressa Violette K. qui rentrait chez elle, dans le 16ème arrondissement. Il se jeta sur elle et la poussa sous un porche, la menaçant de son couteau. Il la maintint au sol et tenta de lui imposer une fellation, mais elle le repoussa. Il la frappa alors au cou avec son couteau, par deux fois, puis commença à l'étrangler. Elle le repoussa avec ses pieds et réussit à s'enfuir. Un gardien de sécurité, alerté par les cris, lança son chien sur l'agresseur. Guy Georges s'enfuit mais le chien lui arracha sa sacoche qui contenait son billet de sortie de Fleury-Mérogis... Vingt jours plus tard, il fut arrêté par la police. Il nia, inventa des alibis, tenta de changer sa physionomie pour que Violette K. ne le reconnaisse pas, mais rien n'y fit. Le 10 février 1983, il fut condamné à 18 mois d'emprisonnement pour "attentat à la pudeur commis avec violence", alors qu'il aurait du être condamné pour "agression sexuelle" ! En prison, il s'isola encore d'avantage, mais eu un comportement correct. En mai 1983, il fut transféré à Ecouvres, en Meurthe-et-Moselle. Le 27 février 1984, il obtint une permission de sortie pour "bonne conduite". Il prit le car et se rendit en ville. Il voulait profiter de sa liberté. Le soir, il se glissa dans un parking sous-terrain pour "forcer" des voitures. Mais Pascale N., une étudiante de 22 ans, s'approcha pour reprendre son véhicule. Il attendit qu'elle soit installée derrière son volant pour ouvrir la portière et la menacer avec un couteau. Il lui imposa une fellation et lui porta un coup de couteau à la gorge. Puis, il la força à passer à l'arrière et commença à l'attacher et à la bâillonner, dans le but de la violer. Mais elle parvint à défaire ses liens, à ouvrir la portière côté passager et à s'enfuir. Dehors, elle se mit à hurler. Guy Georges s'approcha d'elle, son couteau à la main. Mais une voiture entra dans le parking et il disparu. Pascale N. donna un signalement précis de son agresseur à la police. Guy Georges fut arrêté dans la soirée. Il reconnu l'agression mais prétendit qu'il était ivre et ne se souvenait de rien. L'éthylotest, négatif, prouva qu'il mentait. Le 5 juillet 1985, il fut condamné à dix ans de réclusion pour "viol commis sous la menace d'une arme". Il fut emprisonné à Caen, une prison "spécialisée" pour les agresseurs sexuels. Le 8 janvier 1991, on lui accorda un régime de semi-liberté (il pouvait rester dehors dans la journée et ne devait rentrer à la prison que le soir, pour y dormir). Mais le 18 janvier, Guy Georges s'évapora dans la nature. Il ne réintégra pas sa cellule, il était parti pour Paris. Il avait décidé de vivre en marge de la société. Il vola pour vivre et dormit dans les squats de l'est de Paris. Dans la nuit du 24 au 25 janvier 1991, Pascale Escarfail, une jolie étudiante en lettres de 19 ans, fut violée et assassinée chez elle, rue Delambre, dans le XIVe arrondissement. D'une manière particulière, l'assassin avait coupé son soutien-gorge entre les bonnets et avait tailladé ses vêtements. Malheureusement, les traces de sperme, trop légères, ne permirent pas d'isoler un ADN exploitable. Selon les éléments de l'enquête, Guy Georges aperçu Pascale Escarfail, marchant dans la rue, depuis la terrasse du café où il buvait un verre. Il "flasha" sur elle : c'était une belle jeune femme blonde... qui avait l'air heureuse. Il la suivit jusqu'à la porte de son immeuble. Avant que celle-ci ne se referme, il entra derrière elle, monta les escaliers, la dépassa même. La jeune femme ne se douta de rien. Arrivée au 6ème et dernier étage, elle réalisa qu'il l'attendait. Elle lui demanda ce qu'il voulait. "Toi", lui répondit-il, en sortant un couteau, un Opinel n°12. Ils entrèrent tous les deux dans le studio de l'étudiante. Sous la menace de l'Opinel, Guy Georges poussa Pascale Escarfail sur le lit. Avec du chatterton, il lui attacha les mains. Puis il découpa ses vêtements, trancha son soutien-gorge entre les deux bonnets et son slip sur les côtés. Il la viola. Elle ne se débattit pas, sans doute paralysée par la peur et le choc, sauf une fois où elle lui donna un coup de pied. Il la frappa alors de trois coups de couteau dans la région du cou dont un, mortel, qui atteint la carotide gauche. Guy Georges prit également le temps de se laver les mains, de boire une bière et d'emmener des objets qu'il revendit par la suite (un walkman, un appareil photo, une montre, une chaîne en or...) ! Ce meurtre fut le premier meurtre du "tueur de l'est parisien". Il constituait la "matrice" de ses futurs assassinats : repérer une femme (jeune et belle) seule, la suivre, l'attaquer avec un couteau, avant de la violer puis de la tuer. Dans les six autres meurtres, on retrouva l'usage de la même arme, un Opinel n°12, comme la même manière d'attacher la victime et de trancher ses sous-vêtements. Le 17 en février 1991, Guy Georges se constitua prisonnier. On le réincarcéra à la prison de Caen sans se préoccuper de son emploi du temps pendant l'évasion ! Le juge d'application des peines, trop heureux de retrouver son prisonnier, ne posa pas de question à Guy Georges sur le mois qu'il avait passé à Paris ! Guy Georges pensa sûrement qu'il avait "bien eu les policiers et la justice"... et qu'il pourrait recommencer à tuer sans être inquiété. En décembre 1991, Guy Georges fut transféré à la prison de Coutances. Il fut libéré le 4 avril 1992, alors qu'il n'avait pas encore terminé ses dix années de prison... Guy Georges repartit pour Paris et passa de squat en squat, s'attirant toujours la sympathie et le respect de ses colocataires. Pour tous, il était "Joe", joyeux buveur, d'humeur égale, serviable, souriant, attentif aux autres. Dix-huit jours après sa sortie de prison, le 22 avril 1992, il agressa une nouvelle jeune femme, Eléonore P., une étudiante qui se rendait vers minuit chez son ami, boulevard Malesherbes à Paris. Dans l'entrée de l'immeuble, Guy Georges se jeta sur elle, armé d'un Opinel n°12. Il la poussa contre le mur et lui mit son couteau sous la gorge. Il l'enfonça assez profondément pour l'entailler. Il lui demande une fellation en la menaçant de lui planter le couteau dans le ventre. Malgré sa terreur, elle commença à lui parler, "pour l'amadouer". Mais Guy Georges s'énerva et la jeta au sol. Enfin dégagée, Eléonore P. se mit à hurler. Il s'allongea sur elle et leva son couteau. Mais une lumière s'alluma. Des habitants de l'immeuble l'avaient entendu crier et arrivaient en courant. Guy Georges, avec son courage habituel, s'enfuit. Toutefois, la concierge avait pris le temps d'appeler la police qui, rapidement sur les lieux, rattrapa Guy Georges. Il fut condamné à cinq ans d'emprisonnement dont trois avec sursis... Par commodité, la justice ne reconnut pas le caractère sexuel de l'agression, ce qui excluait toute possibilité de faire un rapprochement avec lui, par la suite, pour les viols suivis d'assassinats ! Guy Georges donna à ses amis des squats de fausses raisons à son incarcération, bagarres ou braquages, mais surtout pas "viol ou tentative de viol". Il fut libéré le 5 novembre 1993. Il s'installa alors chez des amis, et recommença à se prostituer pour survivre, mais cette fois-ci, il "michetonna" avec des hommes riches. Le 7 janvier 1994, Catherine Rocher, une jolie assistante de marketing de 27 ans, fut retrouvée morte dans un parking sous-terrain, au 70 boulevard de Reuilly, dans le 12e arrondissement. Elle avait été violée, frappée et assassinée au couteau, dans sa voiture, alors qu'elle rentrait d'une fête chez des amis. Son corps ne fut découvert que le lundi suivant par son patron qui lui prêtait un box dans ce parking. Avec la même signature que pour le meurtre de Pascale Escarfail : le soutien-gorge coupé entre les bonnets et les vêtements tailladés. Guy Georges s'était également emparé de la carte de crédit de Catherine Rocher (qui lui avait spontanément révélé son code, dans l'espoir que, satisfait, son agresseur s'en irait). Juste après être ressorti du parking souterrain, il retira 3800 francs (580 euros) à un distributeur de billets tout proche, comme si de rien n'était. Guy Georges lut la presse et constata que la police n'avait aucune piste probante. Cela le conforta sans doute dans son sentiment de puissance et d'invincibilité. Guy Georges toucha finalement le RMI en décembre 1993. Il se proposa comme bénévole pour l'association Saint-Vincent-de-Paul, qui l'avait aidé à monter son dossier. D'ailleurs, par commodité, Georges fut officiellement domicilié au siège de cette association catholique, où il passait relever sa boîte postale. Le 13 janvier 1994, six jour après la mort de Catherine Rocher, Guy Georges agressa Annie L., animatrice radio, qui rentrait tard chez elle. Il la suivit à l'intérieur de son immeuble et la plaqua au sol. Annie L. parvint à crier mais, à cette heure tardive, personne ne réagit. Guy Georges la menaça de son couteau et lui demanda son sac. Il la força ensuite à une fellation. Puis, il lui ordonna de lui ouvrir la porte de son appartement, mais elle répondit qu'il y avait quelqu'un chez elle. Il se releva, rageur, et jeta la veste de la jeune femme au bas des escaliers. Mais elle ne réagit pas. Il descendit alors les quelques marches pour récupérer la veste, et elle en profita pour bondir jusqu'à son appartement et s'y enfermer. Seule. Guy Georges, furieux mais impuissant, quitta l'immeuble. Annie L. appela immédiatement la police mais, cette fois-ci, la patrouille ne parvint pas à retrouver "l'homme de race noire" qui venait de s'enfuir. Guy Georges travailla comme balayeur pour la ville de Paris durant quelques mois, gagnant de quoi vivre chichement. Il eut, à la même époque, une relation avec Sandrine L. Selon elle, il n'était pas violent. Tout juste lui avait-il donné une gifle le jour de leur séparation. Il était gentil et attentionné. Ils s'étaient installés dans un squat de la rue Didot, avec d'autres jeunes "exclus". Dans les squats, personne n'imaginait que "Joe"et le "tueur de l'Est parisien" ne faisaient qu'un. Tout le monde le trouvait sympathique, réservé, calme, équilibré, solidaire... Guy Georges alla même jusqu'à insulter ce "salaud de tueur" devant un ami qui l'hébergeait parfois. Elsa Benady, 22 ans, travaillait dans un bureau de presse. Elle fut violée et assassinée à coups de couteau le 8 novembre 1994, dans sa voiture, garée dans un parking sous-terrain du boulevard Auguste-Blanqui, dans le 13e arrondissement. Elle venait de se garer dans le parking de son immeuble, après un dîner avec son fiancé et des amis, lorsque Guy Georges l'agressa à la sortie de sa voiture. Son frère la découvrit à l'arrière de son véhicule, tout comme Catherine Rocher l'avait été au début de la même année, par son patron. Il y avait de grandes similitudes entre le meurtre d'Elsa Benady et celui de Catherine Rocher : toutes deux avaient été violées puis tuées, de nuit, dans un parking sous-terrain, à l'intérieur de leur voiture. Et surtout, la "signature" était la même : le soutien-gorge coupé entre les bonnets et les vêtements tailladés. Un mois plus tard, dans la nuit du 9 au 10 décembre 1994, Agnès Nijkamp, une hollandaise de 33 ans, architecte d'intérieur, fut violée et égorgée dans son duplex rue du Faubourg-Saint-Antoine, dans le quartier de la Bastille (11e arrondissement). Elle fut retrouvée allongée sur son lit, vêtue de son seul blouson de cuir, bâillonnée, la jupe et les sous-vêtements arrachés. Agnès Nijkamp avait bu un verre avec une amie, puis avait voulu repasser chez elle, car elle attendait un coup de téléphone de son concubin, Claude, qui devait lui indiquer le nom du restaurant où ils devaient se retrouver avec des amis. Guy Georges pénétra à sa suite dans l'immeuble, puis la suivit jusqu'en haut des escaliers. Il la laissa entrer, l'entendit au téléphone et, lorsqu'elle ressortit, il brandit son couteau devant elle pour qu'elle fasse marche arrière. Il la viola et la tua de plusieurs coups à la gorge. Puis, indifférent, il commença à fouiller l'appartement pour y voler quelques objets. Mais le concubin d'Agnès Nijkamp l'appela à nouveau, le répondeur s'enclencha. Il s'inquiétait de ne pas la voir arriver, alors que le restaurant était tout près. Guy Georges s'empara alors du sac de la jeune femme et s'enfuit. Claude M. arriva quelques minutes plus tard... Des traces de sperme permirent aux enquêteurs d'isoler l'ADN du meurtrier, un "ADN inconnu". Guy Georges et son amie, Sandrine, se séparèrent en avril 1995. Guy Georges en fut très affecté. Il se remit à boire et à fumer du hachisch, et à traîner avec les "zonards" du quartier des Halles. Là, il rencontra un vieil ami qui lui proposa de venir s'installer dans un squat délabré de la rue Saint-Sauveur, entre la rue Saint-Denis et les Halles. Guy Georges s'accommoda très bien de cet endroit nauséabond, sombre et déprimant. Il buvait jusqu'au milieu de l'après-midi, puis disparaissait jusqu'au lendemain matin. Il fréquenta plusieurs jeunes filles. Il s'amusait avec ses compagnons de "zone" qui le trouvaient tous sympathique. Il rencontre Edwige D., qu'il appela "petite sœur" et avec qui il volait beaucoup dans les supermarchés. Le 16 juin 1995, Élisabeth O. faillit subir le même sort que les précédentes victimes de Guy Georges. Cette psycho-motricienne de 23 ans fut suivie par Guy Georges jusqu'à son appartement du 4e arrondissement, à la sortie d'une boîte de nuit. Arrivée chez elle, rue des Tournelles, alors qu'elle ouvrait sa porte du rez-de-chaussée, "un homme" surgit, un couteau à la main. Il la poussa à l'intérieur de son duplex. Il n'était pas très agressif. Ils bavardèrent quelques instants en fumant une cigarette. Il lui affirma qu'il était en cavale et qu'il cherchait juste à se reposer. Puis, il l'attacha sur le lit. Il monta à l'étage du duplex pour éteindre une lumière qui pourrait attirer l'attention à une heure si tardive. Dans un sursaut désespéré, Élisabeth O. parvint à se détacher, à ouvrir la fenêtre du rez-de-chaussée et à sauter dans la rue. Le temps qu'elle prévienne la police, Guy Georges s'était envolé. Mais il avait prit le temps d'emporter son sac... On releva l'empreinte génétique de "l'agresseur" grâce au mégot de la cigarette qu'il avait fumé. Interrogée par la police, Élisabeth O. décrivit son agresseur comme un homme jeune, "foncé comme un Indou", et parlant français "sans accent", costaud, avec des cheveux noirs rasés et de gros sourcils. Un premier portrait robot fut établi mais il ressemblait très peu à Guy Georges. Il représentait un "nord-africain"... (Élisabeth O. a-t-elle confondu, dans sa panique ? Car il est vrai que Guy Georges n'avait pas un teint de peau très foncé. Ou les policiers ont-ils, inconsciemment, incité la jeune femme à reconnaître un nord-africain ?) Ce portrait robot mena la police à chercher "un certain type de suspect"..., un "arabe". Par contre, les analyses génétiques permirent de démontrer que l'agresseur d'Élisabeth O. et l'assassin d'Agnès Nijkamp ne faisait qu'un. Les policiers avaient enfin une piste. Collaborant courageusement et étroitement avec la police, Élisabeth O. se rendit dans les commissariats de la capitale dès qu'on le lui demanda, afin d'identifier des suspects. La police lui présenta plus de 2500 photos. Elle accompagna même les policiers dans leurs rondes, la nuit, mais malheureusement sans résultat. Guy Georges continuait de squatter, de boire et de fumer, mais, selon ses amis, il était devenu agressif et méfiant. Il passait ses journées au lit ou au Forum des Halles, sans but. Ses pulsions de mort l'envahissaient depuis qu'Élisabeth O. lui avait échappé et qu'il n'avait pu "avoir sa dose" de sang. Hélène Frinking, une jolie psycho-motricienne de 27 ans, fut violée et tuée à coups de couteau le 8 juillet 1995 dans son appartement du 10e arrondissement. Cette nuit-là, elle rentrait à pied d'une soirée entre amies, un "enterrement de vie de jeune fille". Sa gardienne l'aperçue, à 4 heures du matin, discuter sous le porche avec un homme brun, à la peau sombre. Il lui avait demandé une cigarette et, gentiment, elle lui en avait donné une. La gardienne pensa qu'ils se connaissaient et retourna à ses occupations. Mais Guy Georges sortit son couteau et la menaça. Comme pour Élisabeth O., il lui raconta une histoire de cavale et lui assura qu'il n'allait pas lui faire de mal. Hélène Frinking tenta de lui parler, pour l'amadouer et le calmer. Mais, une fois dans son appartement, il la bâillonna et l'attacha. Elle fut retrouvée allongée sur son lit par son petit-ami, les vêtements arrachés et découpés, les mains attachées, puis détachées. Guy Georges, avant de partir, vola tranquillement quelques objets, comme à son habitude. Mais cette fois-ci, outre son empreinte ADN, il avait laissé derrière lui un indice troublant, la marque de son pied dessinée au sol dans le sang d'Hélène Frinking. Or il présentait une caractéristique rare : le deuxième doigt apparaîssait plus long que le gros orteil. (On appelle cela un "pied égyptien"). Anne Gautier, la mère d'Hélène Frinking, sur un pressentiment, tenta d'appeler sa fille, mais elle n'obtint que la réponse d'un pompier qui lui dit seulement que sa fille ne pouvait lui parler. Terriblement angoissée, Anne Gautier se précipita à Paris. Là, les policiers lui annoncèrent la terrible nouvelle. En état de choc, effondrée, presque inconsciente, elle n'assista pas à l'enterrement de sa fille. Elle mit deux mois à "retrouver le monde des vivants". Mais Guy Georges venait de trouver en Anne Gautier "sa pire ennemie, celle qui (allait) remuer ciel et terre pour que ce monstre soit mis hors d'état de nuire. Inlassablement, Anne Gautier se consacra toute entière à la chasse au fauve, relançant en permanence juge et enquêteurs, exigeant que toutes les pistes, mêmes les plus insignifiantes, soient explorées". ("Guy Georges, contre enquêtes sur le tueur de l'est parisien" de Franck Spengler et Omar Gendouz). Elle fit sa propre "petite enquête" et réalisa avec effarement que les policiers n'avaient même pas interrogés les habitants du quartier de sa fille ! Ils n'avaient pas non plus enquêté sur le lieu de travail d'Hélène Frinking. "Même s'il a souvent été irrité par la pression exercé sur lui par Anne Gautier, le juge Thiel reconnaît que la pugnacité et la douleur de cette mère ont eut le mérite de maintenir en éveil permanent toutes les personnes qui s' occupaient des crimes du tueur inconnu". (id) Grâce à l'ADN, les enquêteurs de la brigade criminelle établirent un lien direct entre les meurtres d'Agnès Nijkamp et d'Hélène Frinking, et l'agression d'Élisabeth O. La police était sûre d'être en présence d'un tueur en série... qui avait peut-être fait d'autres victimes auparavant. Les policiers détenaient à présent un (mauvais) portrait-robot, un ADN "inconnu" commun à au moins deux meurtres et une agression, et une empreinte de pied "égyptien". Mais ce n'était pas encore assez. La police cherchait un "nord-africain" et non pas un métis noir... Guy Georges recommença à traîner, comme à son habitude, dans le quartier des Halles, solitaire, soucieux et coléreux. Début août 1995, il trouva un emploi à la ville de Paris : un contrat emploi-solidarité comme éboueur, payé 3 500 francs par mois, d'une durée d'un an. Il quitta le squat de la rue Saint-Sauveur et s'installa dans une petite chambre d'hôtel, dans le 18e arrondissement. Cédant à des pulsions de plus en plus fréquentes, il agressa une jeune femme le 25 août, Mélanie B., 20 ans, dans l'escalier de son immeuble du Marais. Il la menaça de son couteau et lui ordonna d'ouvrir la porte de son appartement. Elle obéit. Son compagnon, qui regardait la télévision, se leva et vint l'accueillir. Quand Guy Georges vit l'homme s'approcher, il s'enfuit sans demander son reste. Dans sa précipitation, il perdit ses papiers. Mélanie B. et son compagnon allèrent porter plainte et amenèrent le porte-feuille au commissariat. Le lendemain, Guy Georges, naïf ou inconscient, se présenta au commissariat pour déclarer la perte de ses papiers... Le 9 septembre 1995, il fut arrêté. Guy Georges nia l'agression et prétendit qu'une autre personne avait du trouver son porte-feuille là où il l'avait perdu. Mais Mélanie B. le reconnu comme étant son agresseur. Guy Georges finit par avouer, en assurant que sa motivation était le vol. Il fut condamné à trente mois de prison. Le caractère sexuel de l'agression, à nouveau, ne fut pas retenu ! Personne ne l'ayant demandé, le sursis de 1992 ne fut pas révoqué !!! Et là... Guy Georges passa encore entre les mailles du filet ! Tout d'abord, l'ADN. Il se prêta à un prélèvement (pratiqué par le laboratoire de Nantes), sans résultat, concernant les deux meurtres commis dans les parking sous-terrain (Catherine Rocher et Elsa Benady), mais pas ceux des appartements. Guy Georges nia farouchement les agressions des parkings. Deux de ses petites amies furent elles aussi entendues. Les policiers perquisitionnèrent sa chambre d'hôtel dans le 18e arrondissement : dans son sac à dos, ils découvrirent une paire de ciseaux aux extrémités recourbées; Guy Georges expliqua qu'elles lui servaient à forcer les portières de voitures. Plus troublant, ils trouvèrent également trois rouleaux de sparadrap de trois marques différentes. Ce dernier indice les amena sans doute à faire le rapprochement avec le "tueur en appartement". lls présentèrent alors sa photo, parmi quelques autres, à Élisabeth O. - dont l'agression remontait à tout juste deux mois. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle ne le reconnut pas. Elle n'eut même pas une hésitation : persuadée d'avoir été agressée par un nord-africain, elle ne cilla pas devant la photo du métis. (Pourtant, un sans-domicile fixe, Jacky, avait bien précisé à la police qu'il avait vu l'agresseur comme un noir métis. Mais son témoignage ne fut pas pris en compte...). Les policiers vérifièrent si Guy Georges avait le «pied égyptien» : non. L'explication "anatomique" est connue aujourd'hui : Guy Georges n'a pas un doigt de pied plus long que le gros orteil; c'est le point d'appui de ce dernier, très en retrait, qui avait donné cette impression sur l'empreinte relevée chez Hélène Frinking. Les policiers ne demandèrent donc pas de comparaison entre Guy Georges et le mystérieux "ADN inconnu" recueilli dans les appartements. Son dossier fut écarté de celui des suspects dans cette affaire. Si un fichier national des empreintes ADN pour les délinquants sexuels avait existé en France à cette époque - comme c'était le cas en Grande-Bretagne depuis plusieurs années - il aurait été mis, dès ce moment-là, hors d'état de nuire. Guy Georges réintégra donc tranquillement (à sa propre surprise !) sa cellule, le 19 septembre, pour purger sa peine de trente mois. Et, ce jour-là, il dû se sentir intouchable. Invincible. Il écrivit à ses compagnons de squat qu'il avait été condamné pour avoir donné un coup de couteau à un videur de boîte raciste... Il affichait un profond mépris pour les pointeurs" (nom donné aux violeurs en prison), et n'avoua jamais à ses amis la véritable raison de son emprisonnement, et encore moins les raisons de ses passages précédents en prison. Il se conduisit en détenu modèle, calme, sympathique et solitaire. Il sortit de la centrale de Châteaudun le 6 juin 1997, après avoir bénéficié de deux permissions, en mars et en avril ! Il retrouva ses amis de squats, avec qui il fêta sa libération. Les enquêteurs observèrent que le tueur en série n'avait pas frappé en 1996. Qu'était-il devenu ? Avait-il filé à l'étranger ? Sous la direction du commissaire Martine Monteil, la patronne de la Crim', les policiers passèrent en revue les nouveaux engagés de la Légion, les hôpitaux psychiatriques, les prisons, et même le fichier médico-judiciaire de l'Hôtel-Dieu. En vain. Le 2 juillet 1997, à peine un mois après sa sortie, Guy Georges agressa Estelle F., 24 ans, monteuse pour le cinéma, dans son immeuble du 11e. Il la suivit à l'intérieur et la plaqua contre le mur, la menaçant avec son couteau. Puis, il l'entraîna dans la cour et la poussa devant lui. Elle se mit à hurler et des voisins apparurent. Guy Georges s'enfuit. Estelle F. porta plainte et décrivit son agresseur comme un homme pas très grand, athlétique, de type nord-africain, avec des cheveux courts... La police ne fit pas le rapprochement avec les deux meurtres et les précédentes agressions. Elle classa l'affaire sans suite "parce que l'agression ne présentait pas de caractère sexuel", alors qu'Estelle F. avait parlé d'un "nord-africain", tout comme Élisabeth O. En août, Guy Georges trouva un emploi de manutentionnaire dans un supermarché. Il dépensa toute sa paie en alcool, en hachisch et en nourriture pour ses camarades squatters. En septembre, il fut hébergé chez un ami dans le 19e arrondissement, qui lui trouva également un petit boulot de distribution de prospectus. Magali Sirotti, une jolie étudiante de 19 ans, fut violée et assassinée le 23 septembre 1997, dans son appartement du 19e arrondissement. Elle fut la seule victime attaquée en plein jour. Guy Georges la suivit dans la rue, pénétra dans son immeuble à sa suite, puis dans les escaliers, et la poussa dans son appartement. Il l'attacha avec des lacets de chaussures trouvés chez elle, la bâillonna, puis la viola. Enfin, il posa un oreiller sur son visage (pour ne pas voir ses yeux, sans doute), et la poignarda à la gorge avec un couteau trouvé dans la cuisine. Ensuite, il emporta quelques objets et quitta l'appartement, vers 19 heures. Magali Sirotti partageait cet appartement avec son son fiancé, Stéphane, un mécanicien moto, qu'elle devait épouser le 4 juillet 1998, et qui découvrit son corps. Cette fois, les enquêteurs ne découvrirent pas d'ADN, mais la mise en scène était une signature connue à présent : l'égorgement, les mains liées, les vêtements découpés. Guy Georges avait emporté le préservatif qu'il avait utilisé et la culotte de Magali Sirotti, pour ne laisser aucune trace d'ADN. Les policiers découvrirent par contre une empreinte digitale identique à une autre retrouvée sur le lieu de l'un des meurtres de la série 1994-1995. La police pensa alors à diffuser le portrait robot réalisé en 1995 par Élisabeth O. et retravaillé depuis avec un nouveau logiciel. Mais le juge Thiel, qui s'occupait des meurtres, n'y fut pas favorable. Le portrait était déjà ancien et le tueur avait pu changer d'apparence. De plus, la diffusion du portrait aurait pu alerter le suspect... et les médias. Car, en juillet 1998, la population parisienne ne savait pas encore (!!!) qu'un tueur en série rôdait dans ses rues et qu'il avait déjà sauvagement assassiné six jeunes femmes. Et enfin, le juge craignait que la diffusion du portrait entraîne des centaines de témoignages fantaisistes, comme c'est le cas d'habitude. Le 28 octobre 1997, Valérie L., responsable commerciale de 25 ans, fut agressée au couteau dans l'escalier de son immeuble du 6e arrondissement. Après une soirée entre amis, elle rentrait chez elle, tard le soir. Guy Georges la suivit dans son immeuble, et, en haut de l'escalier, la menaça avec son couteau. Il lui ordonna de se taire mais Valérie L. décida de ne pas se laisser faire. Elle s'accroupit devant la porte de sa voisine, protégea sa tête de ses mains et se mit à hurler de toutes ses forces. Guy Georges s'enfuit en courant. Valérie L. s'enferma alors chez elle, encore tremblante de peur. Malgré ses cris, personne n'était apparu sur le palier pour lui venir en aide... Elle appela la police et décrivit son agresseur comme un homme à la peau foncé, un métis d'une trentaine d'années, athlétique et le crâne rasé. Les policiers ne firent pas réellement d'enquête sur cette agression, comme pour Estelle F., alors que (normalement) ils devaient savoir qu'un assassin ensanglantait Paris... Après l'arrestation de Guy Georges, en 1998, Valérie L. le reconnu formellement comme étant son agresseur. Un peu plus de 15 jours plus tard, Estelle Magd, jolie secrétaire de 25 ans, fut violée et assassinée le 15 novembre 1997, dans son appartement du 11e arrondissement. Elle rentrait chez elle, vers 3 heures du matin, après une soirée entre amis. Comme toujours, Guy Georges la suivit dans son immeuble, la menaça de son couteau et entra dans son appartement. Il attacha les mains d'Estelle Magd avec des lacets, lacéra ses vêtements, et, finalement, la tua avec son couteau. Il emporta le sac d'Estelle Magd, avec sa carte de crédit. Son corps fut retrouvé deux jours plus tard, par ses propres parents, inquiets de ne pas avoir de nouvelles de leur fille. Du sang laissé par le tueur sur un sweat-shirt permit d'isoler le même ADN que pour les meurtres d'Agnès Nijcamp et Hélène Frinking, et l'agression d'Élisabeth O. En apprenant ce nouveau meurtre, la mère de Magali Sirotti (assassinée à peine deux mois auparavant) exprima sa colère devant les journalistes. Les autres familles des jeune femmes assassinées réclamèrent elles-aussi que la justice se presse, que le tueur soit enfin arrêté, avant qu'il ne recommence. Les policiers ressortirent alors (enfin) leurs dossiers et les analysèrent. Ils comprirent que l'homme qu'ils recherchaient était l'auteur de trois meurtres pour lesquels ils possédaient le même ADN (Agnès Nijkamp, Hélène Frinking et Estelle Magd), de deux meurtres portant la "signature" du tueur (Pascal Escarfail et Magali Sirotti), et de deux meurtres portant la même signature mais ayant été commis dans des parkings sous-terrain (Elsa Benadi et Catherine Rocher). Les médias apprirent l'existence du tueur en série, le "tueur de l'Est parisien" comme ils le nommèrent, et en firent leurs gros titres quelques jours après le meurtre d'Estelle Magd. Plusieurs journaux parlèrent des différentes victimes et du mode opératoire du tueur... ce qui provoqua une psychose dans la capitale (mais au moins, les jeunes femmes seules étaient à présent prévenues qu'un prédateur courait les rues). L'affaire prit une ampleur considérable, le conseil municipal de la ville de Paris demanda au préfet de police de réagir rapidement. Ce dernier passa même au journal de 20 heures pour "rassurer la population". Un plus grand nombre d'inspecteurs fut affecté à l'enquête. Ils menèrent des recherches dans les prisons, les hôpitaux, les salles de musculation (l'agresseur était "athlétique")... Sans résultat. Le 23 novembre 1997, le juge Thiel et la brigade criminelle acceptèrent à contre cœur de diffuser le fameux (mauvais) portrait-robot de 1995 "retouché par ordinateur"... Il était très différent de celui établit grâce au témoignage d'Élisabeth O., ce qui provoqua la colère d'Anne Gauthier, la mère d'Hélène Frinking, qui avait déjà vu le premier portrait-robot. La police reçut plus de 3000 appels plus ou moins fantaisistes, et qui n'aboutirent à rien. La brigade criminelle étudia plus de 1800 dossiers d'agressions sexuelles, interpella une cinquantaine de suspect maghrébins connus pour des délits sexuels et fit appel à des profilers. Ces derniers affirmèrent que le tueur était "un homme supérieurement intelligent", qui avait "de l'éducation" et qui n'était "ni un rôdeur, ni un exclu"... Guy Georges, apeuré par la médiatisation de l'affaire, décida sans doute de se faire discret. Il partit à Mansle chez un ami et ne revint à Paris qu'au mois de janvier 1998. Mais, une fois revenu dans la capitale, il traîna dans les bars et vola dans les magasins. Il continua à attirer l'attention de la police. Il fut interpellé dans le 13e arrondissement, après avoir volé un scooter et s'être blessé le nez lors d'une chute dans des poubelles. Photographié par l'identité judiciaire, il ressortit libre. Décidément très remuant, il fut à nouveau arrêté en février 1998, lors d'une bagarre à Saint-Germain-en-Laye. Et relâché. Le 17 février, la police française reçu un appel de... Scotland Yard. Les britanniques avaient arrêté un homme qui ressemblait au portrait robot. Mais son ADN le disculpa rapidement. Le mécanisme qui allait définitivement perdre Guy Georges était pourtant enclenché. Très discrètement, le juge Thiel avait décidé d'employer les grands moyens. Non sans difficultés... Le 24 novembre, le magistrat donna mission à tous les laboratoires privés (Bordeaux, Strasbourg, Nantes et Grenoble) et publiques (qui dépendent, eux, de la police technique et scientifique) de comparer le fameux "ADN masculin inconnu" à ceux déjà contenus dans leurs fichiers. Les laboratoires répondirent quasiment unanimement que c'était impossible, les fichiers ADN étant interdits. Le juge Thiel leur demanda, à défaut, de comparez cet ADN à ceux qu'ils détenaient dans leurs archives... Si certains laboratoires privés acceptèrent cette mission, à la mi-décembre, des fonctionnaires de la police technique et scientifique rechignaient toujours, estimant que cela serait contraire à la loi. Le juge Thiel, déterminé, exigea qu'ils consignent cette réponse par écrit; elle serait ainsi versée au dossier judiciaire communiqué aux familles des victimes... Après un temps de réflexion, la police technique et scientifique accepta de réaliser les analyses. Le 23 mars 1998, à 19 heures, le patron du laboratoire de Nantes eut un choc : il l'avait trouvé ! Le Dr Olivier Pascal appela immédiatement le juge Thiel, le directeur de la PJ parisienne, Patrick Riou, et la commissaire Martine Monteil, de la Crim'. Il leur annonça que le "tueur de l'est parisien" se nommait Guy Georges. Depuis 1995, les empreintes génétiques de Guy Georges étaient archivées au laboratoire nantais (le prélèvement de sang consenti après son arrestation pour l'agression de Mélanie B.). Mais le fichier informatisé des empreintes génétiques (FNAEG), qui permet aujourd'hui de centraliser toutes les traces génétiques relevées sur les victimes et les personnes condamnées pour des infractions sexuelles, n'existait pas à l'époque. Le laboratoire de Nantes avait donc du fournir un travail de fourmi pour comparer les 3500 échantillons d'ADN qu'il avait en stock... à la main ! Longtemps, le présumé "tueur de l'Est parisien" s'était cru intouchable. Et il avait de quoi. Sur les 85 mois écoulés entre le premier meurtre et l'identification de son ADN, Guy Georges en avait passé 55 en prison pour divers vols et pour des agressions sur des femmes ! Jamais la justice n'avait fait le rapprochement entre lui et le tueur. Guy Georges était sans domicile fixe et sans emploi. Il ne correspondait pas au portrait-robot qui avait été diffusé en novembre 1997 pour susciter les témoignages. L'éparpillement des procédures policières et une succession de négligences judiciaires lui avaient assuré sept ans d'impunité pour ses sept assassinats. Deux meurtres auraient même pu être évités. Dès le lendemain, la crim' se mit en chasse. On surveilla les squats où il avait l'habitude de dormir, sa "boîte aux lettres" du local des Équipes Saint Vincent, la banque où était viré son RMI... Mais Guy Georges resta invisible. Le lendemain matin, à 7 heures, alors que les enquêteurs étaient encore tous en planque, RTL révéla que le tueur en série était identifié et donna son nom, provoquant la fureur du juge et des policiers qui craignirent que cette indiscrétion ne provoque la fuite de Guy Georges. (La station de radio présenta d'ailleurs ses excuses par la suite...) Dès 7 heures, tous les services furent donc mobilisés d'urgence, des motards distribuèrent 3 000 photos du tueur (prise lors de son vol de scooter) que la commissaire Monteil avait pris soin de faire imprimer. Paris fut quadrillé. Première alerte à 10 heures : un responsable des Équipes Saint-Vincent appela un chef de groupe de la brigade criminelle et lui annonça que Guy Georges... venait de quitter ses locaux. Une indication un peu tardive, qui provoqua la colère des policiers. Peu avant 13 heures, deux inspecteurs de la PJ du quartier de la Goutte-d'Or, Bernard Basdevant et El-Karim, reconnurent Guy Georges, qui sortait de la station de métro Blanche. Ils procédèrent à son arrestation "en douceur". Guy Georges était armé d'un couteau mais ne se défendit pas. La traque était terminée. Les familles pouvaient respirer... Mais ce n'était pas fini. Placé en garde à vue au 36, quai des Orfèvres (l'adresse de la Crim'), Guy Georges avoua spontanément au juge Thiel les meurtres de Pascale Escarfail et de Magali Sirotti, mais il nia les autres meurtres qui lui étaient reprochés. Il fut incarcéré à la prison de la Santé. Ré-interrogé le 2 avril 1998 par les juges Thiel et Deparis, il nia tous les meurtres, même ceux qu'il avait précédemment avoués. Puis, il demanda à ce qu'un seul juge soit nommé pour tous les meurtres pour lesquels il était mis en examen. Il refusa obstinément de parler tant qu'il ne serait pas confronté à un seul et même juge. Car, oui, ce n'était pas le cas. Pas moins de trois juges d'instruction étaient désignés : Olivier Deparis, (pour le meurtre de Magali Sirotti), Martine Bernard (en charge du dossier Pascale Escarfail), et Gilbert Thiel (pour Catherine Rocher, Elsa Benady, Agnès Nijcamp et Hélène Frinking). Quant à l'affaire Estelle Magd, elle était encore en "flagrance", sous la direction d'un substitut du procureur, en attendant la nomination d'un juge d'instruction !!! Le juge Thiel demanda à ses collègues de se dessaisir de leur dossier, mais ils refusèrent. Les familles des jeunes femmes assassinées s'indignèrent, d'autant qu'elles désiraient que Guy Georges soit jugé rapidement. La presse fit ses gros titres de cette situation surréaliste. Le parquet tenta alors d'intervenir auprès des juges. Il demanda au juge Deparis de se dessaisir au profit du juge Thiel, mais il refusa et se dessaisit au profits... du juge Bernard ! Celle-ci demanda alors au juge Thiel (qui était tout de même en charge de QUATRE affaires sur sept) de se dessaisir à son profit ! Et elle adressa une convocation à Guy Georges... Cette grotesque mascarade dura tout de même plusieurs semaines, faisant fis de la souffrance des familles, outrées par les ego mal-placés et les jalousies absurdes. Leurs avocats demandèrent à la chambre d'accusation de désigner le juge Thiel comme seul et unique juge et, le 30 avril 1998, la présidence du tribunal décida enfin de confier tous les dossiers au juge Thiel. Guy Georges dut bien s'en amuser, du fond de sa cellule... Le 29 mai 1998, confondu par son ADN et après plusieurs d'interrogatoires, Guy Georges avoua les meurtres d'Agnès Nijkamp, d'Hélène Frinking et d'Estelle Magd. Il refusa de regarder les photos des corps que lui présentait le juge Thiel. Le 27 octobre, Guy Georges nia catégoriquement être l'agresseur d'Annie L., Estelle F. et Valérie L., bien que celles-ci l'aient reconnu. Le 17 novembre, après plusieurs heures d'interrogatoires, Guy Georges avoua le meurtre de Catherine Rocher et, lors de sa confession plutôt confuse, donna des détails correspondant précisément au meurtre d'Elsa Benady. Il finit par avouer être également le meurtrier de la jeune femme. Le juge Thiel fut frappé par le manque visible de remords et d'émotion de Guy Georges, par sa froideur. Il était incapable de reconnaître ses victimes sur les photos qu'on lui montrait. Le juge demanda à des psychiatres d'examiner le tueur en série. Ils le décrivirent comme quelqu'un de tellement "normal" et "cordial" qu'il les mettaient mal à l'aise. Il présentait une sorte de personnalité double, comme si ce n'était pas à lui que l'on reprochait d'avoir assassiné sept jeunes femmes. Mais, conclurent les psychiatres, Guy Georges n'était absolument pas fou. Il était totalement sain d'esprit et extrêmement dangereux. Le 14 mars 1999, Guy Georges fut reconnu pénalement responsable de ses actes. Le mardi 26 décembre 2000, (trois mois avant la date fixée pour son procès), vers 5 heures du matin, Guy Georges tenta de s'évader de la prison de la Santé avec deux autres co-détenus. Par hasard, en faisant leur ronde quelques minutes plus tôt que d'habitude, deux gardiens interceptèrent les trois prisonniers. Ils avaient scié les barreaux de leur cellule... Placé à l'isolement, Guy Georges s'enferma dans le silence et nia les meurtres qui lui étaient reprochés. Il affirma même qu'on cherchait à le "faire tomber" parce qu'il possédait des documents secrets compromettants concernant la mort de l'ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy. Une autre manière de (re)faire parler de lui... Le lundi 19 mars 2001, le procès de Guy Georges commença. Il ne prononça que quelques mots parmi lesquels : "Je voudrais dire que je n'ai rien à voir avec les faits qui me sont reprochés". Durant la première semaine du procès, un sourire aux lèvres, il continua systématiquement de nier les meurtres, malgré les preuves accablantes présentées contre lui. Avec cruauté (consciemment ou non), il affirma qu'il allait parler au famille, puis changea d'avis, puis promis encore d'avouer, plus tard. Les familles des victimes, pendues à ses lèvres, n'en pouvaient plus d'attendre et de souffrir, alors qu'elles s'attendaient à des remords. Parfois, poussé dans ses retranchements par les avocats, il perdit son contrôle et s'emmêla dans ses réponses. Et enfin, le mardi de la deuxième semaine du procès, Guy Georges reconnut les sept assassinats de jeunes femmes dont il était accusé. (Il continua à nier, en revanche, trois des quatre agressions sexuelles qui lui étaient reprochées). Son propre avocat lui demanda : "Avez-vous tué Pascale Escarfail, Cathy Rocher, Elsa Benady, Agnès Nijkamp, Hélène Frinking, Magali Sirotti, Estelle Magd ?". A chaque question, Guy Georges, enfin troublé, répondit un "oui" à peine audible, avant de fondre en larmes pour la première fois. La cour d'assises de Paris prit un peu plus de quatre heures pour le reconnaître coupable des sept assassinats, commis de janvier 1991 à novembre 1997. Elle le condamna aussi pour la tentative d'assassinat de Élisabeth O., le viol d'Annie L., et l'agression de Valérie L. Elle l'acquitta en revanche de l'agression sur Estelle F., en juillet 1997 : celle-ci, qui ne l'avait jamais reconnu formellement, n'était pas venue au procès. Guy Georges fut condamné à la prison à vie, avec une peine de sûreté de 22 ans. Il déclara alors qu'il ne "ferait pas cette peine" et qu'il allait se suicider. Mais, il semble finalement qu'il ait changé d'avis. A la suite de cette affaire, Élisabeth Guigou, qui était alors ministre de la Justice, a fait voter la création d'un fichier national regroupant les empreintes génétiques des délinquants et criminels sexuels condamnés et les traces retrouvées sur les victimes. La Brigade criminelle a imaginé aussi la création d'un outil informatique de rapprochement systématique des affaires criminelles, qui viserait à collecter tous les renseignements sur des scènes de crime, des disparitions suspectes et des cadavres non identifiés, afin de détecter des tueurs en série
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